Phoenix K. Nod

Phoenix, assise à côté d’une Gysella endormie sur son épaule, regardait le paysage qui défilait derrière la fenêtre du Poudlard Express. Phoenix prit la main de sa meilleure amie endormie et la serra doucement. Vraiment, elle ne comprenait pas pourquoi Adam et elle ne s’entendaient pas bien.

Un beau brin de fille que cette Phoenix. Brune aux yeux noirs, grande, vêtue avec élégance et chic, elle en imposait par son insolente jeunesse et sa douce féminité. Elle tenait énormément de sa mère, Karen Nod,décédée quand elle avait treize ans. En fait, Phoenix était orpheline. Ses parents étaient décédés dans des circonstances mystérieuses, et elle ne voulait pas en parler. La seule à savoir les véritables évènements était Yuki Harada, sa marraine. Yuki, c’était son modèle, son étoile. Phoenix l’avait toujours prise en exemple, ne lui avait jamais rien caché, même ses doutes, ses pleurs et ses joies. C’était sa lumière au bout du tunnel. Avec Gysella, c’était différent. Phoenix aimait sa meilleure amie de tout son cœur, mais elle avait avec elle une relation d’adolescente, alors qu’avec Yuki, c’était une relation quasiment mère-fille.

Adam passa devant leur wagon, et adressa une grimace ironique et silencieuse à Gysella, puis un sourire à Phoenix qui répondit en levant les yeux au ciel. Non mais vraiment, qu’est-ce qu’ils étaient … Rah. La jeune fille cligna des yeux, repensant aux derniers mois, aux évènements qui avaient agité sa vie déjà mouvementée. Elle avait emménagé chez Yuki. Que de souvenirs ! Le petit James voulait tout le temps dormir avec elle. C’était sa nouvelle famille après tout. Et pour Phoenix, la famille, c’était sacré. Tous comme les amis, d’ailleurs, enfin, les vrais amis, tels que Gysella. Elle avait passé une semaine de rêve en compagnie de sa meilleure amie, dans la belle demeure des Montchrestien. Des gens délicieux. Puis elle avait passé le restant de l’été avec les Harada.

Phoenix n’avait pas imaginé qu’elle aurait pu être heureuse après la mort de ses parents. Mais la vérité était tout autre : son cœur battait à nouveau pour des gens qu’elle aimait. Elle n’avait pas l’air, comme ça, mais elle était sensible, Phoenix. Néanmoins, le Choixpeau l’avait envoyé à Serpentard. Rusée, curieuse et parfois manipulatrice, trois traits de caractère propres aux Serpents de Poudlard, et Phoenix n’avait pas honte d’appartenir à cette noble maison. Elle y passait les meilleures années de sa vie. Toutes ses années à Poudlard, c’étaient les meilleures de sa vie. Et voilà que c’était Lowarts, son avenir, maintenant. Ca ne déplaisait pas à Phoenix qui était toute excitée à l’idée d’entrer dans une nouvelle école. La jeune fille posa sa tête sur celle de Gysella, et ferma les yeux. Elle avait tellement hâte de revoir Yuki, et tous les autres qu’elle n’avait pas pu voir dans le train. Bien sûr, l’attaque de Poudlard ne l’avait pas laissé indifférente, mais c’était du passé. On ne pouvait rien faire contre le passé, le sang, il fallait laisser couler. Ne pas oublier, mais vivre avec, c’est tout. Phoenix serra à nouveau la main de sa meilleure amie. Elles étaient ensembles pour le meilleur et pour le pire, pour cette entrée à Lowarts, placée sous le signe de la nouveauté. Cette année serait différente, Phoenix le pressentait.

Phoenix s’enfonça confortablement dans le siège en cuir du Poudlard Express, ou plutôt Lowarts Express, désormais et rouvrit les yeux. Elle était tellement excitée qu’elle n’arrivait pas à fermer l’œil. Apparemment, le train arriverait bientôt à destination, et il fallait que les élèves se mettent en uniforme. Phoenix repoussa doucement Gysella, la réveilla en chuchotant et enfila son uniforme de Poudlard. Mais avant, elle retira ses chaussures, et ouvrit son sac à dos, où une boîte de chaussures, rapetissée grâce à la magie, sommeillait tranquillement. Phoenix la sortit, impatiente. C’était un cadeau de Yuki. L’adolescente porta la main à son collier, également un cadeau de Yuki et ouvrit la boîte de chaussures. C’était des escarpins noirs. Phoenix reconnut bien là sa marraine, et eut un sourire. Elle enfila les chaussures vernies avec une joie de petite fille, manquant de trébucher, elle n’avait pas l’habitude. Elle entendit Gysella pouffer derrière elle et Phoenix se retourna vivement, l’air exagérément prétentieux :

« Ma chère, j’ai l’intention de dépasser encore plus les élèves de cette école cette année ! »

Une phrase à deux sens. Phoenix aimait gagner, surtout en sport. Elle n’était pas très fair-play, et reconnaissait difficilement ses erreurs. Mais son caractère un peu buté faisait tout son charme, non ? Gysella quitta le compartiment avant elle, afin de conduire les autres élèves. Phoenix resta seule, songeuse et pensive. Elle avait beaucoup pensé à sa vie pendant le trajet. D’habitude, elle n’aimait pas faire le point sur le passé, mais elle avait jugé cela nécessaire. Etrange enfant que cette Phoenix Nod. La jeune femme sortit du train, ses talons claquant sur le sol froid et humide.

L’air frais la fit frissonner, mais c’était comme si elle avait une sensation de déjà-vu. Elle se revoyait le soir de sa première journée à Poudlard, en première année. Elle avait eu l’impression de passer la plus belle journée de sa vie, et Phoenix n’avait jamais ressenti un bonheur aussi intense après. C’était comme si elle naissait réellement. Elle avait senti que la Magie deviendrait une amie à part entière pour elle, qu’importe le camp qu’elle choisisse pour l’utiliser. Phoenix s’étira, rejoignit le flot d’élèves. Elle revit quelques visages familiers, adressant des sourires, parfois sincères, parfois arrogants. Elle ressemblait tant à Yuki dans ces moments-là. Bientôt, Lowarts se profila. Phoenix, émue, resta silencieuse. C’était trop beau. Enfin, elle retournait chez elle.

Là où elle se sentait le mieux au monde. Dans l’Antre de la Magie.