- Insolite. [PV]

La tête dans les étoiles, c’est le terme exact qui pourrait définir l’état d’Amarillys. Elle se sentait mieux grâce à lui. Elle était reposée, prête pour aller de nouveau de l’avant. Enfin presque. La jeune femme eut ce samedi là une folle envie de retourner dans ce lieu. Ok, elle avait trouvé son programme, un peu de shopping et ensuite, elle irait flâner près du Chaudron Baveur. N’étant pas vraiment fan de la foule, Amarillys partit de chez elle relativement tôt. Il ne faisait pas trop chaud, plutôt frais même et les rues étaient quasiment vide. Elle aimait cette période la journée. Les gens faisaient la fête le vendredi soir, et le samedi, doucement, ils émergeaient traînant des pieds, laissant les rues brumeuses de Londres à Amarillys. Journée calme et douce en vue. Durement douce alors… Au bout de quelques minutes de marche, elle dut s’arrêter dans une rue peu fréquenter de Londres, relativement éloignée de la rue commerçante où elle souhaitait se rendre. Elle s’assit sur le bord du trottoir et eut comme une sorte de déjà vu. Après s’être installé, elle retira ses chaussures qui étaient neuves. Quelle intelligence alors ! Mettre des chaussures neuves pour faire une virée en ville. Une faute d’amateur. Elle retira ses chaussures et massa ses pieds. L’espace de quelques instants, Amarillys ferma les yeux et savoura le silence paisible des alentours. Des volets s’ouvrirent, un léger air de rythm and blues en échappa. Ah les années 50… Sourire. La situation était certes insolite, elle commençait à devenir appréciable.
Amarillys n’était pas dans une position très honorable, assise sur un trottoir, d’ailleurs, si elle continuait à le faire, ça allait devenir une habitude. Mais de là à ce qu’un passant moldu lui jette pièce comme à une clocharde. Elle hésita entre rire et s’énerver. Ces moldus sont vraiment étrange. Elle tourna entre ses doigts la pièce que celui-ci venait de lui jeter, elle était étrangement petite. En y réfléchissant, était-ce les moldus ou les gens en général qui était étrange ? S’asseoir au bord d’un trottoir veut-il forcément dire que l’on fait la manche ? D’accord, ça n’arrive pas tous les jours de croiser une jeune femme au bord de la route pieds nus, mais enfin.


Ray Charles. Elle chantonna les paroles en fermant la fermeture de sa chaussure gauche, puis de la droite. Les années 50 ne sont pas vraiment de son époque, le disco, la musique de rue et le funk le seraient plus. Mais que faire quand on a une mère fan de rythm and blues, à part s’y habituer et y prendre goût ? Et la musique est intemporelle, un langage universel après tout. Elle voulut se lever, et repartir. La musique n’était pas finie. Le dernier refrain, les dernières notes, ses préférés. C’est le moment où la musique s’emballe, puis ralentit, les dernières paroles puis la fin. Impossible de partir maintenant, d’abandonner son Ray avant la fin. Elle s’installa, les yeux levés vers le ciel savourant l’air frais et la musique. Un rayon de soleil fit son apparition, il baigna le visage d’Amarillys dans une douce chaleur, elle retira sa veste. Savourant.
Chacun ses plaisirs.

Alexander. - Le sol était trop chaud ?

Amarillys rouvrit les yeux, un homme était penché vers elle, se frappant le front. Amarillys ria. Son visage ne lui était pas tout à fait inconnu, encore quelqu’un qu’elle avait rencontré dans un bar lors de ses nombreuses débauches ? Non. Peut-être une star qu’elle avait vu dans un magazine. Peut-être. Pour dire vrai, ses deniers temps, elle ne s’occupait plus trop de l’actualité du monde qu’il soit magique, ou pas, elle se disait qu’elle aurait tout le temps de rattraper son retard quand elle recommencerait à travailler. Mauvaise idée. Elle le savait. Mais elle préférait se renfermer sur elle-même et contempler sa vie, au lieu de celle du monde. Egoïste ? Chacun son point de vue. Enfin bref. Son visage lui disait quelque chose, elle n’en savait pas plus. Sa chanson se termina. Elle remit ses chaussures et se releva, fit face à l’inconnu et un demi-sourire sur les lèvres, elle lui avoua que le sol avait l’air particulièrement confortable à cet endroit précis et qu’elle avait décidé de tester…

Amarillys. – Si vous souhaitez tester à votre tour… Je vous ai chauffé la place mon cher !

Elle sa baissa et remit sa veste. Les rues étaient désertes, il restait beaucoup de trou dans son emploie du temps à combler. Elle se tourna vers l’inconnu au visage pas si inconnu que ça. Et le dévisagea. Un homme d’environ 15 ans son aînés, l’allure négligé mais gardant une certaines prestance, mal rasé. Oui, il lui disait quelque chose. Elle réalisa qu’elle n’avait cessé de le regarder depuis au moins, une bonne minute. Elle lui sourie, se décida à se présenter. Elle le fit de manière conventionnelle, nom, prénom en tendant une main devant elle.
Qu’elle idiote ! Elle se souvint alors où elle l’avait vu, elle fit les yeux ronds et baissa sa main. Elle venait de copiner avec La personne la plus haute placée dans la hiérarchie. Elle se sentit rougir, ramassa son sac encore sur le sol, ne savait plus quoi faire. Que faisait-il à se balader ainsi dans les rues de Londres, à parler à des inconnus ? Quel ministre atypique… Se doutait-il qu’elle était une sorcière ? Sourire. Mais ce sourire était-il sadique ? Amusé ? Tendre ? Vicieux ? Nul ne sait. Plus haut, une porte claqua, des cris. La musique était finie, Amarillys comprit plus tard que l’instant de répit de cette femme était terminée. Grâce à ses quelques notions des langues latines, elle sut que l’homme, le mari de cette femme, ne comprenait pas le langage de la musique.

Homme. - ¡ No lo puedo más de tu música ! ¡ De tu Ray Charles, de tu Rythm and blues ! ¡ No haces nada ! ¡ Soy sólo qué trabajo aquí !

Une autre porte claqua, Amarillys ne s’occupait plus du Ministre, elle trouva cette scène désolante. Suivit du regard la femme hispanique passer devant elle, pleurant son cd de Ray sous le bras